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Poèmes du Marcheur
Sieben Gedichte

 

  • Liber
  • Chanson du promeneur délacé
  • L'éternité des graminées
  • Le lac
  • Promenade avec ma voisine
  • Couleurs simples
  • Promenade avec Ingrid

 

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Liber

Chaque saison contient les autres
Chaque bourgeon boîte à surprise
Et les arbres parcheminés sous l’écorce magique
Ecrivent ligne par ligne les cercles de nos vies

 
   

Chanson du promeneur délacé

La lignée des sapins au loin
Qui chantent un arioso comme les amantes
L’hiver
Vers les grandes plaines sans oreilles
Mais les marcheurs du dimanche
Attachent leurs lacets sous les conifères
Aux feuilles non caduques
Ils sont chauves sous leur bonnet
Mouillés comme des serpillières
Et chantent faux
Courbés agenouillés ils creusent un nid dans la sapinière
Et ils enterrent
Les fausses notes de leur vie de chien
Sous la lignée des sapins au loin

 
   

L’éternité des graminées

Avez-vous vu toutes ces graminées qui poussent
La toison mal peignée du monde
Toutes ces graminées baptisées
Qui ont planté leurs pieds d’araignées dans la terre meuble
Et qui catapultent leurs graines au-dessus des océans et des volcans
Voltigeuses incognito de l’instant et de l’éternité
Avez-vous vu les graminées monter et le vent les courber
Et vos pieds d’homme sans racines glisser sur les graminées
Et vos corps  délétères enfoncés dans le noir de leurs germinations

 
   

Le lac

Nous avons fait tant de pas dans nos grosses chaussures
Pour monter au lac aujourd’hui disparu
Et les roseaux se penchent sur le limon
Sol sans nom grande marelle molle
Tant de pas dans ma tête effacés sans empreinte
Pour trouver le mot qui d’un trait d’union bleu comme l’eau
Enlacerait quelques pensées limpides
Non, nous ne retrouverons pas
Le dénominateur commun, le lac bleu où le ciel envoyait ses nuages
Pour lire le fond de nos pensées

 
   

Promenade avec ma voisine

J’ai mené la vieille dame avec ses cannes
Dans la nature, nous ouvrîmes les armoires
De chêne, sortîmes les dentelles et l’argenterie
La pluie avait astiqué les arbres
Les chatons des coudriers brillaient comme des lustres
Et ceux des saules ornaient la salle
Les gouttes dans le vent ouvraient le bal
La vieille dame en bottes dansait dans les flaques

 
   

Couleurs simples

Ce dimanche ils avaient garé leurs voitures
A la lisière des Fagnes stoïques
Multicolores comme les pions d’un jeu d’aventure
Ils sautaient sur les passerelles un pied dans les sphaignes
Les rossolis dormaient encore et les pommes de pins anciennes
Et les bruyères des bouquets secs où se fourraient microscopiques
Des survivants anonymes
L’eau ruisselait sous la glace éclatée
Très bleu le ciel dans les buissons nus
Loin les bouleaux sauvaient leur peau
Les Fagnes avaient des cheveux blancs
Et tous ces gens les joues en feu
Sur la tourbe séculaire

 
   

Promenade avec Ingrid

J’ai fait un tour avec mon amie
Dans un nid de verdure acide
Un tour d’horizon un tour confidentiel
Semant nos soucis nos secrets
Dans les fossés de février
Dieu sait s’ils germeront aux prochaines chaleurs
Dieu sait si le printemps nous en fera des fleurs magiques
Ou des buissons d’épines pleins de tiques

 
   
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